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Addiction au sport : une dépendance dangereuse

Par Brigitte-Fanny COHEN le 08/09/2022


Brigitte-Fanny COHEN

Chroniqueuse santé

Experte en actu santé, Brigitte-Fanny Cohen écrit chaque jour des chroniques sur les innovations thérapeutiques  et les astuces pour venir à bout des maux du quotidien.


De plus en plus de médecins tirent la sonnette d’alarme : l’addiction au sport est en hausse, notamment chez les adeptes de la course à pied.

Le Figaro l’a souligné il y a quelques jours : « depuis une vingtaine d’années, la pratique du trail et de l’ultra-trail (lorsque la longueur du tracé dépasse celle du marathon, soit 42,195 km) a explosé. La Fédération française d’athlétisme évalue à 1,5 million le nombre de ces infatigables marcheurs français assidus ou occasionnels, «shootés» au dépassement de soi par la souffrance ». L’addiction au sport ou bigorexie - c’est son nom - ne concerne pas que les professionnels. Des marcheurs ou des coureurs de tous niveaux, même modestes, peuvent plonger dans une passion envahissante qui entame petit à petit des pans entiers de leur existence. « La bigorexie touche toute personne pratiquant une activité sportive à trop forte dose pour son corps. Le bigorexique est obsédé par l’image de son corps qu’il désire sculpté, musclé et sans graisse. La maîtrise de ses fonctions musculaires devient obsessionnelle, elle représente un critère impératif de vie réussie », souligne le Pr Laurent Karila, psychiatre à l’hôpital Paul Brousse à Villejuif (94)*.

L’ivresse du coureur

Certaines disciplines, dont le running, favorisent la sécrétion d’endorphines, ces molécules naturelles qui déclenchent « le runner high », autrement dit l’ivresse du coureur. L’addiction n’est pas loin : parfois le besoin d’endorphines crée une véritable dépendance. Il faut encore plus de pratique pour obtenir sa « dose ». « Le danger est double avec les risques liés à une pratique intensive : blessure, surmenage, retentissement sur la vie personnelle et professionnelle, etc… Et les risques liés à l’arrêt de la pratique sportive : consommations de substitution, dépression, etc… », avertit le Pr Karila. La bigorexie est désormais prise charge. Les traitements ont pour objectif de redonner une vraie place aux choses - et en particulier au sport - en libérant les personnes en proie à cette force intérieure qui les pousse à l’excès. L’aide d’un psychiatre ou d’un psychologue est nécessaire car il n’est pas aisé de se sortir seul d’une addiction. Il n’en reste pas moins qu’il faut lutter contre la sédentarité et pratiquer une activité physique… mais sans tomber dans la dépendance !

*auteur de « Tous addicts, et après ? », éditions Flammarion


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