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Se ruer vers l’iode : une mauvaise idée

Par Brigitte-Fanny COHEN le 01/04/2022


Brigitte-Fanny COHEN

Chroniqueuse santé

Experte en actu santé, Brigitte-Fanny Cohen chaque jour des chroniques sur les innovations thérapeutiques  et les astuces pour venir à bout des maux du quotidien.


Une demande de comprimés
d’iode qui explose dans les pharmacies, des généralistes questionnés
quotidiennement sur le risque radioactif, des recherches sur internet qui
montent en flèche… Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine et de la
menace nucléaire, on constate une inquiétude en France, bien  légitime. Mais il faut revenir aux
fondamentaux. « La prise d’iode protège la thyroïde, cette glande située à
l’avant du cou. Elle est particulièrement menacée : en cas d’accident
nucléaire, de l’iode radioactif pourrait être rejeté dans l’environnement et se
concentrer dans cet organe, entraînant un risque d’irradiation et de cancer. La
prise de comprimés d’iode dit « stable », ou iodure de potassium,
sature en iode la thyroïde et empêche donc l’iode radioactif de s’y
installer », explique Alain Hababou. Il s’agit en quelque sorte d’un
antidote, et nombreux sont ceux qui souhaitent en prendre de façon préventive.

 

Aucun intérêt et même
dangereux.


Est-ce une bonne
idée ? « Cela n’a aucun intérêt, et cela pourrait même être
dangereux, en provoquant des dysfonctionnements de la thyroïde. Attention,
inutile aussi de se ruer sur des compléments alimentaires contenant de
l’iode : ils sont insuffisamment dosés et donc inefficaces dans ce
contexte », précise Alain Hababou. Bien sûr, beaucoup sont inquiets d’un
risque de pénurie : la France a envoyé des stocks à l’Ukraine. Le Ministre
de la santé, Olivier Véran, a affirmé le 20 mars que « tous les besoins en
iode de la population française seraient couverts en cas d’accident nucléaire
ou radioactif ». Néanmoins de nombreuses voix se sont élevées pour le
contredire. « Les stocks disponibles chez les répartiteurs et distribués
immédiatement par les pharmaciens couvriraient largement les besoins de toute
la population en cas de besoin », affirme Alain Hababou. L’Autorité de
Sûreté Nucléaire (ASN) a également été claire : inutile d’ingérer ces
pastilles d’iode préventivement. Et pour cause : ces comprimés doivent être
pris au plus tôt une heure avant l’exposition à de la radioactivité, et au plus
tard dans les six à douze heures qui suivent !

Brigitte
Fanny COHEN


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