Microbiote intestinal et vieillissement : des liens encore peu connus

Pour bien vieillir, il ne faut pas négliger ses bactéries intestinales. Une nouvelle piste de recherche pour prolonger l’espérance de vie ?

Le microbiote intestinal ressemble à planète surpeuplée. Il renferme environ 100 000 milliards de bactéries ! Mais sa composition varie au cours de la vie « A partir de 50 ou 60 ans, la diversité et la quantité des micro-organismes présents dans le tube digestif se modifient. Apparaissent simultanément un certain nombre de maladies, principalement dégénératives : hypertension, arthrose, maladie d’Alzheimer… L’appauvrissement du microbiote est-il en cause ? Certaines études répondent par l’affirmative », souligne le Dr Philippe Godeberge, gastro-entérologue, à Paris*. L’intestin, comme les autres organes, est touché de plein fouet par le vieillissement. Et les modifications du microbiote, liées à l’âge, sont associées au développement d’une inflammation, à une susceptibilité accrue aux troubles intestinaux et à une fragilisation du système immunitaire intestinal.

Stimuler le microbiote ?

« Aux environs de la cinquantaine, certaines bactéries augmentent en nombre et d’autres diminuent. Un déséquilibre qu’on appelle la dysbiose. Dans certaines pathologies, on remarque une sur-représentation des bactéries favorisant l’inflammation quand d’autres, plutôt protectrices, ont tendance à se raréfier : par exemple les Bifidobactéries, bénéfiques pour la santé. Les Prevotella, elles, sont plus nombreuses au cours de la maladie de Parkinson », explique le Dr Godeberge. On soupçonne un lien entre l’apparition de certains cancers, notamment le cancer colorectal, et des modifications du microbiote. Des maladies dégénératives -comme la maladie d’Alzheimer, Parkinson ou la Sclérose Latérale Amyotrophique- pourraient aussi trouver leur source dans l’intestin. Peut-on alors stimuler un microbiote intestinal vieillissant afin de prolonger l’espérance de vie ? « On peut tout à fait imaginer qu’une manipulation du microbiote - par des médicaments ou des probiotiques - puisse ralentir les processus inflammatoires et immunitaires favorisant les maladies liées à l’âge. Nous avons déjà des arguments scientifiques chez l’animal», précise le Dr Godeberge. Déjà une alimentation variée, de style méditerranéen, et un mode de vie sain qui évite les toxiques comme l’alcool et le tabac, ont fait leurs preuves : ils représentent un atout pour préserver le microbiote intestinal à toutes les étapes de la vie.

* auteur de « Qu’est-ce que tu as dans le ventre ? », éditions Hachette