Microbiote intestinal: un organe à part entière

Le microbiote, appelé autrefois flore intestinale, renferme environ 100 000 milliards de bactéries.

Le tube digestif du foetus est vierge. En passant par les voies naturelles, le nouveau-né reçoit les bactéries de la flore digestive et vaginale sa maman. Mais en naissant par césarienne ou en prenant des antibiotiques dans les premiers mois, il peut voir son microbiote s’altérer et ne plus agir de façon optimale avec le système immunitaire. Sans oublier un risque accru de développer, plus tard dans la vie, des maladies liées à l’immunité : allergies, maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, arthrite... Le microbiote intestinal est aujourd'hui considéré comme un organe à part entière. Sa composition peut rester stable pendant plusieurs décennies.

Une seconde jeunesse

Mais lorsque s’installent certaines maladies, on peut observer une dysbiose, autrement dit un déséquilibre de cette flore intestinale : certaines bactéries sont sur-représentées, d’autres moins. L’obésité, le diabète, la maladie de Crohn pourraient être liés ce déséquilibre. Même la dépression est concernée. « L’intestin et le cerveau communiquent entre eux car ils sont reliés par des nerfs et échangent des neurotransmetteurs», souligne le Pr Gabriel Perlemuter*, chef du service hépato-gastro-entérologie et nutrition à l’hôpital Antoine-Béclère. Le microbiote se fragilise aussi au cours du vieillissement. « A partir de 50 ou 60 ans, la diversité et la quantité des micro-organismes présents dans le tube digestif se modifient. Simultanément, avec l’âge, apparaissent un certain nombre de maladies, principalement dégénératives : hypertension, arthrose, maladie d’Alzheimer… L’appauvrissement du microbiote est-il en cause ? Certaines études répondent par l’affirmative », souligne le Dr Philippe Godeberge, gastro-entérologue, à Paris**. Pourrait-on stimuler un microbiote intestinal vieillissant ? Lui procurer une seconde jeunesse afin de retarder l’apparition de maladies? L’idée n’est pas farfelue et de nombreux essais sont en cours. En revanche une alimentation variée, de style méditerranéen, riche en légumes donc en fibres, en vitamines et en minéraux, et un mode de vie qui évite les toxiques comme l’alcool et le tabac, ont fait leurs preuves : ils représentent un atout évident pour préserver le microbiote intestinal à toutes les étapes de la vie.

Brigitte Fanny COHEN

* auteur de « Et si la solution venait des bactéries », éditions Flammarion
**auteur de « Qu’est-ce que tu as dans le ventre ? », éditions Hachette