Existe-t-il un régime anticancer ?

Manger des grenades, du brocoli ou du curcuma éloigne-t-il le spectre du cancer ? Les études scientifiques les plus récentes penchent pour une alimentation équilibrée.

Environ 30% des cancers sont dus à notre mode de vie, en particulier à notre façon de nous nourrir. Malgré la promotion, dans le passé, de quelques régimes anticancer, il faut se rendre à l’évidence : ce n’est pas l’abondance ou le rejet de tel ou tel aliment qui protège l’individu. « Il faut privilégier les fruits et légumes qui contiennent des substances protectrices, et leur faible valeur calorique permet de lutter contre le surpoids, facteur de risque de nombreux cancers », indique le Pr David Khayat, cancérologue, ancien président de l’Institut National du Cancer, auteur de nombreux ouvrages sur les liens entre alimentation et cancer*. Malheureusement beaucoup se détournent des fruits et légumes, à cause de leur coût élevé, au profit d’aliments de qualité médiocre, moins chers : en particulier, les produits ultra-transformés, riches en graisses, sel et additifs de toutes sortes. Plusieurs études les accusent de favoriser le développement de certains cancers.

Deux pistes prometteuses

Autre certitude : il faut limiter sa consommation de boissons alcoolisées. « Un à deux verres par jour et pas tous les jours », recommande Santé Publique France. L’alcool renferme de l’éthanol qui est dégradé par le foie en acétaldéhyde, produit reconnu comme cancérigène. Par ailleurs, il augmente chez les femmes le taux d’estrogènes, ces hormones qui stimulent les cellules cancéreuses dans le sein. Sans oublier qu’un verre d’alcool contient environ 70 calories. Plus de calories, c’est plus de surpoids, et plus de risques de cancer dont celui du sein. « Il faut aussi devenir flexitarien, donc diminuer sa consommation de viande rouge (à cause du fer héminique) et de charcuteries (à cause des graisses et des additifs). Et privilégier les pâtes et le riz complets, riches en nutriments », affirme le Pr Khayat. Deux pistes de recherche prometteuses pour l’avenir : le jeûne intermittent et un bon équilibre du microbiote intestinal, qui pourraient réduire le risque de développement de cancers, notamment en diminuant l’inflammation. Au final, pas de recette miraculeuse contre le cancer. Il faut souligner à nouveau le rôle protecteur et démontré du régime méditerranéen qui nous dicte de privilégier les fruits et légumes et de réduire notre consommation de viande au profit du poisson gras : d’ailleurs, bien plus qu’un régime, il s’agit d’un mode de vie qui fait la part belle à l’activité physique, autre élément indispensable à la prévention de nombreux cancers.

* dont « L’ordonnance est dans votre assiette », co-écrit avec Nathalie Hutter-Lardeau, éditions Plon (octobre 2023)