Sevrage tabagique : si on essayait la réalité virtuelle ?

Patchs à la nicotine, cigarette électronique, psychothérapie… Pas seulement ! A l’occasion de la Journée mondiale sans tabac, le 31 Mai, voici une méthode encore peu connue pour arrêter de fumer.

Cette nouvelle approche s’inspire des thérapies cognitives et comportementales, utilisées à l’origine pour traiter les phobies : peur du vide, des araignées, de la foule.... Objectif : se confronter progressivement à l’objet de sa phobie afin de l’apprivoiser et de s’en débarrasser. « Une séance de thérapie par exposition à la réalité virtuelle est toujours précédée par trois séances de psychothérapie et de relaxation, afin de lutter contre le craving : cette envie incompressible et soudaine de fumer. On apprend aux patients à mieux comprendre cette émotion intense mais fugace et à la gérer en modifiant ses pensées (par exemple, une soirée chez des amis sans fumer sera quand même une bonne soirée), en faisant de la relaxation… », explique le Dr Eric Malbos, addictologue à l’hôpital de la Conception à Marseille.

Mode d’emploi

Place ensuite à six séances de réalité virtuelle. Casque 3D sur la tête, le patient est immergé dans des situations où la tentation de fumer est grande : un embouteillage, une soirée entre amis, un bar de plage… Les personnages de synthèse qu’il côtoie sont très réalistes : Ils lui proposent une cigarette, l’incitent à craquer... « Là, le patient doit appliquer les méthodes apprises pour gérer le craving. Et accepter ses émotions et son envie de fumer. Mais s’orienter vers d’autres activités comme la relaxation ou une activité alternative qui va créer une autre émotion : embrasser son compagnon, écouter de la musique... Le sevrage tabagique par la réalité virtuelle consiste au fond à « désensibiliser » le patient pour qu’il se libère complètement de la cigarette, sans rechutes », explique le Dr Malbos. Une étude clinique, réalisée à l’hôpital de la Conception à Marseille, a porté sur une centaine de personnes ayant arrêté de fumer mais ayant peur de « replonger ». « 72% des patients n’ont pas rechuté après 8 semaines de suivi, et on note également une diminution du craving. », indique le Dr Malbos. Des résultats impressionnants. De nouvelles études sont en cours afin d’évaluer l’efficacité de combinaisons de traitements : réalité virtuelle et patches à la nicotine, par exemple. Ou réalité virtuelle et cigarette électronique. Avec l’espoir d’en optimiser les effets.