Troubles bipolaires : de trop longues années avant le diagnostic

L’association Bipolarité France émet des recommandations à destination des pouvoirs publics et des professionnels de santé pour réduire le temps de diagnostic et améliorer la prise en charge des patients.

Selon la Haute Autorité de Santé, entre 650 000 et 1 600 000 personnes seraient atteintes de troubles bipolaires en France. Il ne s’agit pas de simples changements d’humeur mais d’une véritable maladie psychiatrique : elle se caractérise par des variations disproportionnées de l’humeur, aussi bien en intensité qu’en durée. Les patients alternent des épisodes maniaques - périodes d’exaltation démesurées - et des épisodes dépressifs. Entre les deux, ils connaissent une phase d'accalmie qui peut durer quelques semaines à quelques mois, voire plusieurs années quand ils suivent un traitement bien toléré. Le problème, c’est qu’une personne atteinte de troubles bipolaires n'est diagnostiquée en moyenne que 8 à 12 ans après l'apparition de la maladie.

Désinsertion sociale et professionnelle

« Les troubles bipolaires sont d’autant plus dévastateurs qu’ils sont pris en charge tardivement. Au-delà des fluctuations de l’humeur non traitées, le risque est que d’autres troubles s’y associent tels que les troubles anxieux et les addictions. L’ensemble peut favoriser une désinsertion sociale et professionnelle voire des conduites suicidaires », avertit le Pr Chantal Henry, directrice scientifique de la Fondation Pierre Deniker. En revanche, un patient diagnostiqué et stabilisé par son traitement peut bénéficier d’une qualité de vie tout à fait satisfaisante. « Il faut sensibiliser les médecins généralistes aux enjeux de la symptomatologie du trouble bipolaire difficile à différencier de la dépression, ainsi qu’à l’enjeu du diagnostic précoce pour la santé mentale et physique de leurs patients », souligne France Bipolarité. Ne pas banaliser cette maladie, l’identifier et la traiter sont des urgences de santé publique.